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 L’Émissaire.

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5 participants
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Paillou

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MessageSujet: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeVen 15 Jan - 17:25

J'avais abandonné cette histoire. Depuis longtemps déjà (Avril 2015 en fait). Et puis, j'ai fouillé dans mes dossiers il y a quelques jours, et je suis retombée sur cette fiction. J'ai relu ce que j'avais déjà fait, et me suis demandée pourquoi ne pas la reprendre. Le scénario me plaisait toujours, et n'ayant plus d'histoires en cours, j'ai besoin d'écrire. Alors voilà, je reprends cette histoire ! M'inscrire sur ce forum m'a motivé. x)
Je modifierai quelques trucs par rapport à la première version (je dis ça pour les membres qui auraient déjà pu la lire sur un autre forum). Je publierai le prologue dans la soirée.
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L’Émissaire. L-emissaire-4e18b01

I don't understand this strange connection between us,
but I know that you need my breath to survive.

Le Monde est en train de changer. Suite à la pollution et au non-respect de l’espèce humaine envers la nature, cette dernière a repris ses droits. Le reste de la population ayant survécu à cette révolte, s’est donc résolue à enclencher une procédure de rassemblement d’urgence pour ne pas courir droit à sa perte, malgré que tout espoir ait abandonné le cœur des rescapés. Cependant, une légende se veut qu’une certaine Amulette de Cristal, présente et perdue au plus profond des rêves de tous, soit la seule clef existante pouvant stopper cette attaque inattendue de la nature. Pour parvenir à pénétrer dans ce monde endormi au fond de chacun de nous et trouver cette Amulette, il faudrait... rentrer dans un univers particulier, le "Monde des Rêves". Les scientifiques ont donc conçu un produit pouvant modifier les gènes de quiconque se le verra infiltrer dans les veines, faisant en sorte que lors de son prochain endormissement, le sujet se retrouve piégé dans l’univers des songes où serait cachée l’Amulette de Cristal. Le Gouvernement a, par la suite, désigné plusieurs adolescents et jeunes adultes, âgés de 15 à 25 ans, destinés à servir de cobayes pour cette expérience. Ils se retrouveront tous dans le même rêve, et auront un but commun ; trouver l’Amulette pour la ramener dans le monde de la réalité, et ainsi stopper l’abomination de Dame Nature. Une fois la substance en contact avec leur sang, ils seront comme plongés dans une sorte de coma profond, et ne pourront se réveiller que lorsque l’un d’entre eux aura trouvé l’unique moyen pouvant sauver l’être humain.

Ryan est un des adolescents à avoir été choisi. Un problème se pose cependant ; il apprendra rapidement qu'il se trouve être l'émissaire de Shawn, un jeune homme de 19 ans, lui aussi choisi par le Gouvernement. Il ressentira alors toutes les douleurs physiques ou psychiques que ce dernier vit, et si Shawn venait à mourir, Ryan décéderait à son tour. Les deux hommes seraient liés par un lien invisible et indestructible. Or, Shawn est atteint d'une grave maladie au cœur, et il ne lui reste que peu de temps à vivre.
Ryan sait qu'ils doivent tous trouver l'Amulette pour revenir dans le Monde réel, avant que celui dont il est l'émissaire, ne succombe à sa maladie cardiaque et ne l'emporte avec lui.

Commence alors une véritable course contre le temps, où chaque seconde sera comptée
et où les limites de la mort seront repoussées à leur extrême.
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Madness
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Madness


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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeVen 15 Jan - 17:40

Oooooh cette idée de liaison entre deux mecs est absolument GE-NIALE ! ça donne tellement le piment à l'histoire, le petit grain d'originalité totale qui s'ajoute au fait que une partie de l'histoire ne se déroule pas dans la réalité mais dans le monde des rêves... J'veux la suite ! D:

PS: j'adore le titre de ton histoire wiiiiiiii
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Symphi

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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeVen 15 Jan - 17:47

Ah, tu te décides à reprendre cette histoire ** Là je suis contente, car j'aurais bien aimé savoir plus sur leur monde et celui où ils vont atterrir ! :p

en bref, je suis très contente et j'ai vraiment hâte de voir ça, surtout si c'est quelque peu modifié par rapport à avant :)
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Paillou

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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeVen 15 Jan - 19:02

Aawn, merci pour vos avis. ♥ Merci Madness pour ton avis sur l'originalité de mon histoire, ça me fait vraiment plaisir parce que j'ai toujours peur de m'être trop inspirée inconsciemment de quelque chose que j'ai pu lire ou voir, alors bon. :'3 J'essaye toujours de faire au plus original, d'apporter vraiment mon grain de personnalité, mes propres idées...
Eeeh oui Symphi, honnêtement, je me doutais un peu que ça te ferait plaisir que je reprenne cette histoire, parce que je me souviens que tu y avais déjà déposé quelques commentaires et que tu étais impatiente de voir ce à quoi ressemblait ce Monde des Rêves. :3 Je te promets que tu vas le savoir, je vais tout mettre en oeuvre pour arriver à la fin de cette histoire. :') ♥

Bref, voilà le prologue ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, et à pointer les aspects négatifs si vous en voyez !
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PROLOGUE


2 mois avant le déclenchement de
la procédure de rassemblement.


Le ciel était sombre cette nuit-là. Pas un nuage dans la toison argentée, ne venait troubler les rayons d’argent qu’envoyait la lune sur les flaques d’eau encore visibles au sol, les teintant d’attrayants reflets blafards. J’aurai presque pu ignorer les horreurs qui se déroulaient, à quelques dizaines de mètres sous mes pieds. La voûte céleste était si calme, pendant que la Terre se révoltait du mieux qu’elle pouvait. Une telle ironie m’arrachait un léger sourire, que je voulais cacher sans y parvenir pour autant. Je pouvais apercevoir les arbres tomber sur les routes bitumées et fracassées, écrasant les voitures et les petites maisons en bordure des rues détruites, comme de vulgaires lucioles que l’on aurait attrapées dans le creux de notre main, avant de serrer le poing. Je voyais les gens courir à droite et à gauche, les femmes hurlant à leurs enfants de rester près d’elles, pendant que les hommes cherchaient vainement à faire démarrer leurs automobiles déjà broyées par la force titanesque des troncs qui s’étaient jetés sur la carrosserie de leurs biens. Le sol tremblait de toutes ses parcelles, fissurant davantage les trottoirs où du goudron avait fondu, ainsi que les allées et ruelles noyées sous la foule d’humains qui arpentaient chaque recoin à la recherche d’un endroit sûr, en agitant leurs bras en tous sens. Je pourrais les comparer à de stupides fourmis se bousculant à l’entrée d’une fourmilière pour savoir laquelle aurait le privilège de faire entrer le premier morceau de nourriture récolté, dans les diverses galeries qu'elles avaient construites de leurs propres pattes.

Je posai mes deux mains sur la baie vitrée, avant de laisser franchir de mes lèvres, un soupir qui vint déposer un tendre nuage de buée sur l’immense fenêtre d’une propreté impeccable. Je savais que de là où j’étais, du haut du 18ème étage de ce bâtiment, la nature ne pourrait pas m’atteindre. Les branches des arbres ne s’en prendront pas à mon corps, comme les racines ne viendront jamais briser le carrelage sous mes chaussures. Pourquoi étais-je ainsi mis en sûreté, pendant que tous ces gens en contrebas, luttaient pour leur survie ? Pourquoi étais-je privilégié ? Surement parce que la vie était injuste. Et surement parce que mes parents avaient tout simplement les moyens de s’offrir ce genre de protection estimée à plusieurs millions d’euros. Comme pour confirmer mes pensées, je me tournai pour contempler la pièce dans laquelle je scrutai depuis une bonne heure, d’une façon presque perverse, la détresse de ces pauvres et innocentes personnes qui ne savaient même plus quoi faire de leurs jambes fatiguées. Les murs étaient immaculés et ornés de multiples banderoles en feuilles d’or. Un splendide lustre fabriqué uniquement d’argent et de saphirs, dominait le plafond, et produisait une agréable musique cristalline lorsque ses précieux cristaux s’entrechoquaient. Mon regard alla ensuite s’attarder sur le service de porcelaine du mariage de mon père et de ma mère, qui reposait tranquillement derrière une grande vitrine de verre. La valeur de toute cette vaisselle était inestimable, et personne ne souhaitait jamais l’utiliser, de peur qu’une main maladroite ne vienne à casser une de ces pièces traitées avec un respect grandissant chaque jour. Je trouvais cela dommage, moi, de ne jamais pouvoir attraper ces jolies verres translucides et parés d’halos arc-en-ciel. L’envie de les avoir entre les fines courbes de mes doigts, me démangeait toujours, mais jamais je n’avais encore cédé à la tentation et enfreins les règles de ma famille. Je ne savais pas vraiment si je devais en être fier et me considérer comme un fils obéissant et loyal envers ceux qui lui avaient donné le don de pouvoir respirer, ou si je devais me prendre moi-même en pitié en comprenant que je n’avais pas connu la joie d’une enfance ou d’une adolescence insouciante. Depuis ma naissance, j’avais passé ma vie à baiser les mains de mes parents en leur promettant de toujours les écouter et d’exécuter toutes leurs volontés. Ce n’était qu’aujourd’hui que je me rendais compte que je n’avais été qu’un esclave sans importance pour eux. Ce n’était qu’aujourd’hui, cette journée où j’ai appris que leur fille de 7 ans, ma petite soeur, était morte d'une rupture d'anévrisme, que je me suis rendu compte que leur richesse comptait bien plus que leur famille, à leurs yeux. Pas une grimace n’était venue transpercer les traits de leur visage au moment-même où j’étais venu leur annoncer que l'arrêt de mort de leur fille était signé à l'encre de sang. Ils s'étaient simplement inquiétés de leur confort et de leur dignité. Qu'allaient-ils devenir si leur fille issue d'un milieu riche, en était venue à rejoindre les astres lactés ? Ils s'en fichaient. Et pourtant, je n’arrivais pas à leur en vouloir. Parce que je me sentais tout simplement comme eux. Le Monde tombait en morceaux devant moi, et je ne faisais rien. Je pourrais ouvrir la porte de l’immense appartement dans lequel je résidais actuellement, à tous ces gens. Mais ce n’était pas le cas, et je ne le ferai pas. C’est pourquoi je me replongeai dans la contemplation du chaos frénétique qui s’annonçait toujours plus dense et électrique, là, en bas. Je ne savais pas de ce qu’adviendra la race humaine ; pour être honnête, je m’en moquais. C’était juste que j’étais de nature curieux. Je ne pouvais m’empêcher de désirer de pouvoir lire l’avenir, simplement pour parvenir à savoir ce que les survivants de cette abomination, feront lorsque la situation se sera enfin calmée, ou du moins stabilisée. L’Homme était vraiment un animal bizarre. Je n’avais jamais été très attiré par mes semblables. Pour être totalement franc, je préférai largement être seul. Nous étions peut-être des créatures censées être sociables et étant dans la capacité de communiquer avec ceux du même sang que nous, je n’étais pas de cet avis et savourai le plaisir de me tenir à l’écart.

Je sursautai lorsque j’entendis le son d’un chausson que l’on frottait doucement contre le parterre. Je me retournai discrètement pour apercevoir ma mère dont les pleurs l’avaient apparemment démaquillé de toute part. Son mascara avait lentement coulé le long de ses joues roses et rebondies, tandis que son rouge à lèvre était inégalement étalé sur le coin de ses lèvres. Ses cheveux bruns étaient emmêlés, tandis que ses prunelles bleues reflétaient une infinie tristesse. Une sorte de tristesse que je ne lui connaissais pas. Elle s’approcha de moi d’une démarche hésitante, comme si elle allait perdre l’équilibre et se retrouver face contre les carreaux disposés au sol. Et comme si elle s’intéressait vraiment à moi, pour la première fois, elle prit soin de déposer une main sur mon épaule et de m’offrir la décontenance de recevoir le frôlement de sa bouche sur mon front.

« Il faut partir. Nous ne pouvons pas rester ici. »

Je la regardai un instant sans comprendre. Où voulait-elle que nous partions ? Nous étions en sécurité ici, rien ne pouvait encore nous atteindre. Pourquoi se risquer à aller dehors, alors que nous pouvions parfaitement demeurer dans ce palace encore quelques temps ? Je lui enlaçai délicatement ses poignets frissonnants, de mes mains douces et rassurantes, en me forçant à afficher un sourire chaleureux pour qu’elle puisse reprendre confiance. Je pouvais prendre conscience de la présence de fines gouttes cristallines dans le plus profond de ses iris couleur noisette. Celles-ci menaçaient de quitter leur confort pour venir à la rencontre de sa peau encore jeune. Je voulus tendre un doigt vers elle pour les lui essuyer, mais elle para mon geste d’un vif mouvement du bras, avant de détourner la tête.

« Le risque est trop important pour que nous puissions passer encore ne serait-ce qu’une courte heure, ici. Il faut partir, répéta-t-elle en donnant cette fois, davantage de précisions à sa phrase.
- Pourquoi ? »

Elle me lança un instant un court regard compatissant, avant de me prendre dans ses bras, m’enveloppant dès lors d’une agréable chaleur accompagnée d’une impression de sûreté maternelle. J’aurai voulu ne jamais me dégager de cette étreinte qui m’avait tant manqué durant ma jeunesse.

« Oh mon fils, ne vois-tu donc pas cette terreur qui arrive ? me murmura-t-elle sur un ton que l’émotion faisait trembloter. Nous ne pouvons pas regarder les autres se faire faucher par cette monstruosité. Il nous faut fuir, nous aussi. A trop nous estimer invincibles, nous finirons par être détruits au moment où nous nous y attendrons le moins. »

Je demeurai immobile, sans mot dire. J'ignorai si je devais passer mes bras autour de son cou pour me rapprocher encore de son corps dégageant un certain parfum musqué, ou si je devais au contraire me dégager de ce réconfort qui me faisait pourtant tant de bien. J'étais également dans la totale ignorance, quant à quoi répondre à un tel discours, bien que je comprenne la gravité de tout ce qui était en train de se produire.

« Mais où aller ? osai-je finalement la questionner, après un léger instant de doute. »

Ce fut par la suite à mon grand étonnement qu’elle se contenta d’abord de garder le silence en me serrant plus fort qu’elle ne m’étreignait déjà, avant de se retirer et de reculer de quelques pas, un sourire sentimental aux lippes.

« Cesse de poser tant de questions. »

Voyant que je n’étais guère convaincu à l’idée de quitter l’abri dans lequel je me terrai depuis plusieurs jours, elle se mordit la langue avant d’ajouter :

« Ryan, il faut que tu me fasses confiance. Une dernière fois. »

J’avais beau avoir énormément de mal à croire qu’elle pouvait abandonner tant de richesses derrière elle sans remords, je n’avais plus le choix désormais. Je devais la suivre si je ne voulais pas mourir plus tôt que la date que l’on m’avait annoncée. J’haussai les épaules et me décidai enfin à la suivre. Je n’avais rien à perdre. A part peut-être tout ce qui me tenait à cœur. Ce bâtiment représentait énormément pour moi, et je m’apprêtai à lui tourner le dos sans rechigner. J’aurai souhaité avoir le temps de réfléchir à tout cela, mais je me résignai rapidement. Je savais que le temps était désormais un luxe que nous ne pourrions plus nous payer avant longtemps. L’argent permettait surement de s’abonner à énormément de choses ; mais les aiguilles d’une montre n’en faisaient pas parties. J’avais connu l’aisance et la détente pendant de longues années, bien qu’elles ne fussent pas exactement comme je les avais imaginées. Maintenant, tout cela n’était plus que des bijoux au sens révolu ; le Monde changeait, et si nous voulions survivre, nous devions changer avec lui.
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Symphi

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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeVen 15 Jan - 19:27

J'adore ** J'aime beaucoup les mondes post-apocalyptiques comme on les appelle, et je trouve que ce chapitre retranscrit bien le sentiment d'urgence. Du coup, on se pose beaucoup de questions, surtout concernant cette nature qui se rebelle, mais également sur cette procédure de rassemblement.

Je ne vois pas quel point négatif je pourrais citer, car ton écriture est très fluide, même si tu racontes beaucoup de choses. Tu sais où tu vas, et tu sais où vont tes personnages. Et ça, j'aime beaucoup :)

Du coup, je ne peux qu'attendre la suite :p
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Mojito

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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeVen 15 Jan - 19:57

Oooooh, je m'en souviens de ça ! C'était trop bien ** ça l'est toujours d'ailleurs ooooups C'est cool que tu la reprennes :D
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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeSam 16 Jan - 9:25

J'ai commencé à lire l'histoire je trouve ça super **
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Paillou

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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeSam 16 Jan - 12:33

Symphi → Merciii. >w< Tu me rassures, j'avais peur que le fait que j'enchaîne trop de phrases sans dialogue entre les descriptions, donne un effet trop sec, trop cassé, au texte. Mais si tu trouves que c'est fluide, tant mieux !
Ambrie & Esca → Merci les filles. ♥
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CHAPITRE 1 : « Même un poisson rouge est plus réactif que toi. »


Je m’appelle Ryan. Ma vie a basculé le jour où j’ai du tout abandonner, mes amis, mes repères, pour échapper à l’apocalypse de la Nature.

Retour au présent.

Je voulus rabattre la couverture sur mon visage pour protéger mes yeux des lumières rouges qui étincelaient à travers la pièce toute entière et parcouraient les murs blancs où un peu de papier s’était déjà déchiré.  L’horrible bruit aiguë qui servait d’alarme matinale, me vrillait les tympans et avait le don de me mettre de mauvaise humeur. J’avais toujours trouvé que leurs techniques de réveil laissaient à désirer, mais je me sentais aujourd’hui, dans un état encore plus maussade que d’habitude. Contraint de quitter le matelas douillet qui me servait de lit, j’ôtai le drap de mon visage et me redressai lentement, tout en prenant soin de rester ainsi pour ne pas brusquer mon corps qui, lui, n’avait pas l’air décidé à entamer une nouvelle journée. Je commençai à douter de plus en plus sur sa loyauté envers mon cerveau ; il ne voulait jamais faire ce que mon esprit souhaitait, ce qui avait l’unique don de me mettre les nerfs à vif. Il y avait vraiment des moments où je n’avais qu’une seule envie : prendre une tarte et me la lancer en pleine figure. Non pas pour avoir le plaisir de la manger d’un seul coup, mais juste pour me faire prendre conscience de ma minable vie. Je soupirai et, ignorant les protestations douloureuses de chacun de mes membres, me redressai en chancelant, avant de remarquer que ma mère me tendait déjà un verre d’eau. Elle semblait levée depuis quelques temps, à en juger sa chevelure parfaitement coiffée, ainsi qu’à son teint maquillé et à ses lèvres déguisées d’une superbe teinte lilas. Je reportai ensuite mon attention sur ce qu’elle tenait entre ses doigts. Elle semblait attendre patiemment que je le prenne pour le boire. Je trouvais d’ailleurs qu’il était stupide de dire « boire un verre ». Après tout, ce n’était pas lui que nous buvions, mais son contenu. Je secouai la tête et scrutai l’intérieur de la timbale transparente. Je pus alors me rendre compte de la présence de deux sortes de pastilles blanches, qui se décomposaient rapidement en minuscules bulles pétillantes remontant à la surface. Je savais ce qu’étaient ces pastilles, et sentir de nouveau leur goût âcre et amer sur le bout de ma langue, me faisait déjà grimacer. Cependant, je me doutais bien que je n’avais pas le choix. J’attrapai le gobelet que l’on me proposait, et plaçai mon nez au-dessus du liquide translucide qui pétillait rageusement. Je reculai la tête en levant les yeux au ciel, avant de porter le contenu du récipient à mes lèvres, et me forçai à avaler les médicaments qui avaient pour seul but de calmer mes angoisses naturelles. Leur saveur  ne s’était pas arrangée, mais je n’allai pas me plaindre de savoir que mes parents avaient enfin accepté de chercher pendant ne serait-ce qu’une seule journée, un traitement qui pourrait m’aider à vivre un peu plus normalement. Non pas que je sois certain qu’ils se fichent éperdument de mon cas mais… Enfin, si, c’est ce que j’avais pensé pendant de longues années. Triste constat. Je redonnai à ma mère ce qu’elle m’avait précédemment offert, avant de me tourner pour m’habiller. Que je sois bien vêtu ou pas ne changerait pas l’horreur de la journée qui s’annonçait, mais c’était une question de principe ; j’avais toujours été habitué à faire attention à la façon dont je choisissais mes vêtements, et ce sont des rituels difficiles à oublier, même en temps de fin du Monde. J’ôtai mon tee-shirt de nuit en un geste rapide, dévoilant les quelques muscles qui se dessinaient sur mon torse. Il se trouvait que j’étais un grand passionné de sport, notamment de musculation. Je m’entraînais chaque semaine avant que la nouvelle à propos de l’aggravation de mes crises d’angoisse, ne me tombe dessus sur la tête, avec une telle lourdeur que j’avais eu l’impression qu’une enclume m’était atterrie sur la tête. Dès lors, j’avais été dans l’obligation d’être dans un repos partiel régulier, et donc de ralentir tout effort physique pour éviter que mon cœur ne s’emballe et que je ne tourne de l’œil sans m’en rendre compte. J’avais très mal vécu cette embûche concernant ma passion, et avais mis du temps à accepter la réalité. Mais j’en étais là aujourd’hui, et je ne pouvais rien faire pour retourner en arrière. Je dévisageai soudainement une petite fille aux cheveux blonds vénitiens, d’environ 7 ans, qui bondissait partout et se comportait comme si elle avait englouti trois plaquettes de comprimés de vitamine C. Je ne parvenais pas à comprendre d’où lui venait un tel enthousiasme ; ce n’était pas comme si la Nature était en train de réduire à néant l’espèce humaine, et qu’un nombre incalculables de personnes étaient décédées. Non, bien sûr, nous étions tous réunis ici pour faire une fête incroyable où serpentins et confettis viendraient danser la Salsa, qui pourrait en douter ? Agacé par un tel comportement, je me dirigeai vers la sortie de la chambre –si l’on pouvait appeler ça ainsi-, et pressai le bouton bleu qui se trouvait à droite de la porte. Au contact de mon doigt, la barrière vitrée coulissa silencieusement, me donnant accès à un couloir où déjà de nombreux chercheurs s’afféraient à droite et à gauche. J’avais encore du mal à réaliser que nous étions dans un centre de protection élaboré par les plus grands architectes et scientifiques. Enfin du moins, ceux qui ne s’étaient pas fait bouffer par une plante mutante. Accessoirement. Ce centre était semblable à une immense sphère constituée uniquement de verre, dont la porte de sortie ne pouvait être ouverte que par son constructeur ; ainsi, Dame Nature ne pouvait pas y faire pénétrer ses affreuses plantes verdâtres qui me donnaient des cauchemars la nuit. A l’intérieur se trouvait ce bâtiment : construit sur 8 étages je crois, chacun étant équipé d’un réfectoire, d’une bibliothèque, de salles privées pour les scientifiques et chercheurs, ainsi que cinq « chambres » où se trouvaient 10 lits dans chacune d’elles, où dormaient donc 10 personnes, de toilettes et d’une salle de bain. La technologie faisant désormais des miracles, ce n’étaient pas des taudis, bien au contraire. Personne ne pouvait se plaindre du confort que l’on se tuait à offrir aux survivants. Les survivants. Ce mot me faisait frissonner, je préférai tout simplement les appeler « les gens ». Cela faisait moins film post-apocalyptique. Je passai une main dans mes cheveux sombres, et restai quelques instants immobiles, observant attentivement le moindre geste qu’effectuaient les personnes qui passaient sans cesse devant moi. Une femme rousse, ses cheveux attachés en un chignon parfaitement réalisé, s’arrêta pour me lancer un regard interrogateur. Elle tenait sous son bras une énorme pile de papiers de toutes couleurs, et semblait pressée. Elle posait ses prunelles sur moi, comme si quelqu’un était venu écrire sur mon front « je suis un débile profond. » J’espérai au moins que ce n’était pas indélébile.

« Dites-moi que ce n’est pas au marqueur, la suppliai-je, les yeux brillants.
- Je vous demande pardon ? »

Sa voix fébrile trahissait toute la fatigue qu’elle accumulait, et je ne pouvais que ressentir de la compassion pour elle. Elle eut l’air interloqué par ma question que moi seul était en mesure de comprendre, et un rire nerveux franchit mes lèvres.

« Laissez tomber. Ce n’était pas important. »

L’intéressée resta encore de longues secondes à me regarder de bas en haut, avant d’hausser les épaules et de reprendre sa route sans se soucier davantage de mon cas. Il fallait dire que si elle s’était attardée plus longtemps, j’aurai surement pensé qu’elle avait vraiment du temps à tuer. Soit elle m’avait prise en pitié, soit elle me considérait désormais comme un fou échappé de l’asile, et je ne tarderai pas à me retrouver coincé de force dans une camisole. Cette vision m’arracha une expression de dégoût, et je m’empressai de me diriger vers l’ascenseur le plus proche pour rejoindre le réfectoire qui était au rez-de-chaussée. La faim me tiraillait l’estomac, et je serai incapable d’adresser le moindre sincère sourire, tant que mon ventre n’aura pas cessé de me maudire de tous les mots. Je pénétrai dans la cabine une fois que j’eus appelé la machine qui avait mis un temps fou à arriver, et fus dans l’obligation de me terrer dans un coin pour ne pas me faire écraser par d’autres personnes. Elles avaient eu l’air de s’être donné le mot pour toutes descendre prendre leur petit-déjeuner à la même heure que moi. Je n’aimais pas spécialement être ainsi entouré, et je n’avais qu’une hâte : pouvoir sortir de ce confinement qui me faisait me sentir comme une sardine dans une boite huileuse. Quoique non, les sardines, c’est moche et ça pue, et je ne pensais pas en être arrivé à un tel niveau. Je me ruai hors de l’ascenseur comme un lion bondissant de sa cage pour retrouver sa liberté, et laissai mes pas m’amener aux délicieux fumets sucrés de la nourriture qui semblait m’appeler à pleins poumons. Dans ma précipitation, je manquai de renverser un adolescent d’environ mon âge, et ce fut seulement en me retournant dans le but de m’excuser, que je reconnus Shawn. Ses cheveux châtains étaient coiffés et encore humides –surement parce qu’il venait de prendre une douche-, et les quelques mèches qui retombaient sur son cou lui donnaient un air sauvage et sombre. Depuis que j’étais arrivé ici, il m’en avait toujours fait voir de toutes les couleurs, et avait l’air de dégager une telle haine à mon égard, que cela en devenait vraiment malsain. Il se contenta de me transpercer de ses prunelles turquoises, avant de passer son index sur sa jugulaire et de mimer un égorgement. Merci, me voilà entièrement rassuré pour la journée. Je levai le pouce pour lui faire comprendre que j’avais saisi le message, et continuai ma route vers le réfectoire, mon ventre protestant de plus belle. J’avais une furieuse envie de le frapper et de lui hurler que la patience était une vertu, et que tout venait à point à qui savait attendre, mais fort heureusement, je ne fis rien de tout cela. Je supposais que les gens ne m’auraient plus jamais vraiment vu du même œil, après ça. Lorsque j’attrapai enfin la poignée de la porte me séparant du festin qui m’attendait, je me mis à trembler d’impatience et m’empressai de pénétrer dans la salle où toutes sortes de mets semblaient me tendre les bras. J’allai m’installer à une table et lançai un bref regard à une fille qui se trouvait sur la chaise à mes côtés. On avait assez sympathisé depuis mon arrivée, et je la trouvai plutôt gentille, bien qu’assez froide aux premiers abords. Nous étions arrivés dans ce centre à deux jours d’intervalles, elle en première. C’était elle qui m’avait fait découvrir le fonctionnement de ces lieux loufoques, et qui m’avait fait visiter chaque salle en ses moindres recoins. Elle m’avait été d’une aide précieuse. Elle était assez petite, avait le teint clair, les yeux bleus et la chevelure blonde très claire, presque blanche. Ses cheveux étaient fortement ondulés, se terminant même pas des boucles très marquées d’une magnifique teinte dorée. Je pris un croissant avant de la saluer d’un signe de tête.

« Salut Elsa.
- Coucou Ryan. Comment tu vas ce matin ?
me répondit-elle joyeusement. »

Je mordis dans ma viennoiserie et pris mon temps pour lui répondre. Après tout, rien ne pressait.

« A part le fait que ma mère m’ait encore forcé à prendre ce médicament que je hais par-dessus tout et qui est censé m’empêcher de stresser toute la journée et qui ne fonctionne même pas, et aussi le fait que je viens de croiser Shawn et qu’il a fait mine de m’égorger, tout va bien, ironisai-je. Et toi ?
- Moi, je vais bien. »


Je voyais qu’elle se retenait de rire, mais cela ne me dérangeait pas. Depuis qu'Elsa avait perdu son père à cause de ce fléau qui ne cessait de grandir au fur et à mesure que le temps passait, elle était devenue difficile à égayer. Voir ses lèvres s’étirer en un fin sourire pour laisser apparaitre ses dents blanches, me réchauffait le cœur. Nous continuâmes notre festin sans nous soucier de tout le brouhaha qui retentissait autours de nous. Nous parlâmes de tout et de rien, essayant d’oublier l’horreur qui se tramait en dehors des parois de verre qui, nous le savions pertinemment, n’étaient qu’un abri temporaire qui finirait par céder sous la fureur de la Nature. Je ne m’arrêtai de manger que lorsque mon estomac me criait de ne plus rien avaler, sous le risque qu’il allait finir par exploser. Je m’adossai sur l’arrière de ma chaise, satisfait. Je me serai bien rendormie, mais ici, nous ne faisions pas vraiment ce que nous voulions de nos journées. Toutes personnes âgées de plus de 14 ans, et aptes à travailler, étaient chargées  de remplir diverses taches pouvant aider à contribuer aux soins du centre ou à l’avancée des recherches dans une éventuelle solution pour mettre fin à ce cauchemar.

« Tu vas faire quoi aujourd’hui ? la questionnai-je, curieux de savoir où elle allait passer sa matinée.
- Je vais aller rendre une petite visite au laboratoire n°23, grimaça-t-elle. Je dois aller aider à faire des expériences sur des particules de plantes recueillies à l’extérieur. Comme si ça me rassurait d’être en contact avec des morceaux de ces végétations psychopathes ! »

Je secouai légèrement la tête, amusé. Elsa avait toujours tendance à qualifier ce qui se passait de « nature psychopathe » ou autres termes de ce genre. Cependant, ce n’était pas vraiment les plantes le plus gros problèmes. Il y avait effectivement les nombreux séismes qui étaient survenus un peu partout sur la Terre, ainsi que tous les volcans qui étaient entrés en éruption, et les tsunamis qui avaient ravagé des villages entiers, tuant des dizaines de milliers de vies innocentes. On pouvait dire que la Nature se révoltait contre celui qui l’avait fait souffrir pendant tant d’années, oui. C’était exactement ça. Et une partie de moi n’en était pas spécialement mécontente.

« Tu te plains d’être plus intelligente que la plupart d’entre nous ? la provoquai-je gentiment. »

En effet, si les scientifiques de notre étage choisissaient principalement Elsa pour venir les aider dans leurs expériences, c’était surtout pour son QI de 152. C’était une grande surdouée qui avait un cerveau lançant des étincelles 24/24h, et son intelligence m’épatait toujours.

« Et toi ? répliqua-t-elle, ignorant ma question. De quoi es-tu de corvée ce matin ?
- Figurez-vous, mademoiselle je-suis-supérieure-à-tout-le-monde, qu’aujourd’hui, je vais m’entraîner.
- T’entraîner ?
- Oui. Celui qui dirige le gang des tireurs a décidé que j’étais fin prêt à pouvoir apprendre à tirer. Avec de vrais flingues. »


Comme pour illustrer mon impatience, je dessinai un revolver de mes doigts, pointai le bout de mon index et mon majeur sur la tempe de ma camarade, et fis semblant d’appuyer sur une détente imaginaire. Elle m’agrippa le poignet et me le tordis jusqu’à ce que je la supplie de me lâcher.

« Tu oublies qu’avant cette abomination, j’ai fait 7 ans de karaté.
- C’est une chose que j’oublie trop souvent, tu devrais le marquer sur un post-it et me le coller sur le poitrail. »


Elsa leva les yeux au ciel et se leva brusquement, envoyant presque valser sa chaise en arrière. Ne voulant pas attendre plus longtemps pour rejoindre mon Chef et pouvoir enfin tenir une vraie arme à feu entre mes mains, je l’imitai précipitamment et sortis par l’arrière du réfectoire, pour me retrouver dans un long couloir blanc, animé par de nombreuses personnes qui circulaient à droite et à gauche. Les néons qui envoyaient des lumières bleutées m’aveuglaient, et je pressai le pas au moment où les bruits de coups de feu vinrent à la rencontre de mes oreilles. J’approchai du centre d’entraînement. Une soudaine excitation me prit le ventre, et j’arrivai presque au lieu qui m’était destiné en courant, trop impatient pour continuer à marcher tranquillement. Lorsque je pénétrai dans l’espèce d’énorme gymnase, je vis directement plusieurs dizaines de personnes, en ligne, brandissant un pistolet et tirant des balles dans des cibles éloignées de 3, 5, 10, 15 mètres ou même plus pour les expérimentés. Ce genre d’entraînement était nécessaire, pour la simple et bonne raison que lorsque cet abri cédera –car que ce soit dans 2 mois ou dans 5 ans, il cédera-, il faudra savoir se défendre contre toute la nature qui nous attend, là, au dehors. Et nous ne savions pas si des espèces d’animaux avaient… Comment dire… Mutées sans que nous ne nous en rendions compte. Il nous fallait donc être prêt à tout. Je fus sortis de mes pensées lorsqu’une main rude se posa sur mon épaule. Je fis volte-face pour me retrouver nez à nez avec un homme d’environ 1m90, imposant, et d’une trentaine d’années. Il avait les cheveux blonds qui lui descendaient jusqu’au milieu du cou, et ses yeux bleus, presque violets, étaient hypnotiques. Il semblait sur le point de me tuer, mais sa voix rassurante me mis tout de suite à l’aise et m’ôta tous mes préjugés.

« Bienvenue. Tu dois être Ryan, la nouvelle recrue, n’est-ce pas ? Je m’appelle Peter, je suis le Lieutenant de cette armée. Tu t’es déjà servi d’un flingue ? »

Gêné, je me grattai le dos de la main gauche et baissai les yeux.

« Heu, non.
- Donc, tu es un débutant ? Un vrai débutant ?
- Oui. »


Je crus l’entendre soupirer, mais je décidai de ne pas y faire attention. Après tout, lui aussi était parti de zéro, non ? Et j’étais ici pour apprendre, par pour me faire traiter comme un chien. Peter me fit signe de me suivre et je m’exécutai, son estime de ma petite personne n’ayant pas réussi à éteindre la flamme de détermination qui brûlait en moi. Il me montra une cible de libre, et me fis m’y installer. Je me mis bien droit devant le comptoir sur lequel étaient déposées toutes sortes d’armes de tous calibres. On se serait cru à la fête foraine, sauf qu’il n’y avait rien à gagner, que les balles étaient vraies, qu’il n’y avait aucune ambiance de fête et que… Non, en fait, on ne se croirait pas du tout à la fête foraine. On se croirait à l’armée. Il ne manquerait plus que le Chef, que je n’avais pas encore vu, vienne nous hurler : « tous au poste de combat ! ». Si une telle chose arrivait, je crois que je m’évanouirai.

« Prends celui-là, m’ordonna le Lieutenant en me mettant un petit revolver dans la paume de ma main. Je resserrai mes doigts autour de l’arme en tremblant. Le contact froid de la matière me faisait frissonner, et savoir que j’avais une véritable arme de combat entre les mains, me faisait frémir d’appréhension et de joie à la fois.
- Et maintenant ? »

Peter me prit le bras et me le leva, de sorte à ce que l’embout du revolver soit en face de la cible qui n’était éloignée qu’à environ 5 ridicules mètres de mon corps. Etais-je donc si nul que ça ? N’attendant pas plus d’explication de sa part, je pressai mon index sur la détente, et manquai de m’étrangler avec ma salive lorsqu’une détonation violente retentit et qu’une marque s’afficha sur la cible. J’avais réussi à l’atteindre, certes, mais la balle était allée se loger sur la dernière spirale rouge, donc le bord de l’objet dont j’aurai du atteindre le centre. Mal à l’aise, je baissai ma main et ne trouvai rien à dire.

« Laissez-moi faire Lieutenant, je m’occupe de lui. »

J’aurai reconnu cette voix entre mille ; je me retournai suffisamment tôt pour voir Peter hocher la tête et laisser la place à une tête que je connaissais très bien : Shawn. Mais que faisait-il ici ?

« Vu l’expression de ton visage, je devine que tu n’es pas au courant que je suis le tireur le plus expérimenté ici et que je m’occupe souvent des faiblards dans ton genre. »

La pique me fit lâcher un grognement, mais je ne répondis rien. Les traits de mon visage se crispèrent et je me concentrai à nouveau sur la cible devant moi, relevant mon bras pour lui montrer que je n’étais pas si faible qu’il ne le pensait. Cependant, avant que j’aie eu le temps de faire le moindre autre geste, sa main se posa sur mon épaule pour m’empêcher de tirer.

« Ta position n’est pas bonne. Il faut que tu attrapes le manche du revolver avec ton autre main, ou le choc du tir te fera perdre l’équilibre et tu manqueras ta cible. »

Je m’exécutai en grommelant, suivant ses ordres à contrecœur. Je détestai devoir me soumettre à quelqu’un, et encore plus à cet arrogant d’aigri d’égoïste crâneur de Shawn. Il m’attrapa le dessous du poignet et me stabilisa la main.

« Respire. Concentre-toi uniquement sur ce que tu veux abattre. Fais abstraction de tout le reste. Ne fais attention qu’à ta balle et à ta victime. Oublie-tout ce qui t’entoure. »

Comment voudrait-il que mon esprit se vide alors que son souffle caresse la peau de mon cou et que j’ai l’impression qu’il va retourner l’arme contre moi pour m’assassiner sans se poser de questions ? Voyant que je ne faisais rien, le jeune homme me secoua violemment, me ramenant à la réalité.

« Même un poisson rouge est plus réactif que toi. Bouge-toi ! »

Je déglutis difficilement et tentai vainement de faire ce qu’il m’avait ordonné. Je fermai les yeux pendant quelques secondes, et c’est au moment-même où je les rouvris que je décidai de tirer. A ma grande surprise, la balle se retrouva à un ou deux centimètres maximum du centre de la cible.

« Presque entre les deux yeux. Bien joué. »

Désemparé par le fait que Shawn me fasse un compliment, je gardai les lèvres serrées et continuai à contempler ma réussite. Je ne pensais pas que ça serait si simple de parvenir à frôler le centre d’une cible en si peu de temps. Shawn recula légèrement pour poser son index sur un bouton rouge. Un crissement se fit entendre, et je vis le câble qui retenait la cible en suspension, reculer de plusieurs mètres, avant de s’immobiliser à nouveau.

« Te réjouis pas trop vite, gamin. Tu n’étais qu’à à peine 5 mètres de ta cible. Là, tu en es à 10.
- Traite-moi encore une fois de « gamin », et j’te colle une balle dans la tête
, le menaçai-je en grinçant des dents.
- Essaye donc, Ryan. Essaye donc. »

Agacé, je redirigeai mon regard vers la chose que je devais dégommer le mieux possible, et entrepris de refaire le même fonctionnement que j’avais fait précédemment. Et cela fonctionna à nouveau. La balle que je tirai se retrouva à environ trois centimètres du centre. J’entendis Shawn se racler la gorge et lâcher un ricanement presque inaudible à une oreille inattentive.

« Pas mal. Pas mal du tout. Tu n’es peut-être pas aussi nul que tu en as l’air.
- Qui t’as dit que j’étais nul ?
- Personne n’a besoin de me le dire, je n’ai qu’à te regarder pour comprendre que tu n’es qu’un lâche, un faible. Un être qui ne survivrait pas deux secondes dans la Nature. »


Blessé dans mon amour propre, je me jetai sur celui qui m’avait ouvertement provoqué, enragé. Je n’étais pas du genre à me laisser faire, bien au contraire. J’étais tout le contraire ce que cet enfoiré osait insinuer. Sous l’effet de la surprise, Shawn tomba en arrière et sa tête heurta violemment le sol. Il répliqua en m’envoyant un coup dans la mâchoire, qui me fit me renverser sur le côté. . Dans le feu de l’action, mes doigts se refermèrent sur la détente du revolver, et la balle partit sans que j’aie eu le loisir de faire quoi que ce soit pour tenter de l’arrêter. Elle trancha un câble qui avait l’air d’être le pilier de tous les autres fils de fer, et des plaques en ferraille commencèrent à tomber au sol. Des cris retentirent et je vis des personnes paniquées se mettre à courir en tous sens, cherchant délibérément à ne pas se faire broyer par toutes les cibles, les câbles et les comptoirs où étaient rangées les armes, qui dégringolaient en un fracas épouvantable. Shawn se libéra de mon corps et disparu de mon champs de vision presque immédiatement. Tétanisé par ce que je venais de faire, je ne vis pas l’énorme fil électrique se détacher du plafond et se diriger à une vitesse vertigineuse vers moi. Ce n’est que lorsqu’un « attention » hurlé d’une voix masculine où se mêlait colère et angoisse, que je clignai des yeux et me rendis compte du danger qui me menaçait et qui comptait m’arracher la vie dans quelques secondes. Je n’avais plus le temps de me relever et de bouger. Deux mains puissantes m’empoignèrent soudainement les avant-bras, et je fus tiré en arrière in-extremis avant que le câble ne s’écrase à mes pieds, me manquant de justesse. Celui qui m’avait sauvé la vie me lâcha et me tourna pour que je puisse lui faire face. Il s’agissait de Shawn et ses prunelles luisaient d’une rage qui me fit reculer d’un  pas.

« Pourquoi, où que tu ailles, les ennuis te suivent comme ton ombre ? Tu réalises le temps que ça va prendre, de réparer tous les dégâts que tu as causé ?
- Rien de tout cela ne serait arrivé si tu ne m’avais pas provoqué !
- Et c’est ma faute si tu t’énerves pour rien ?
cracha l’autre qui semblait sur le point de casser un mur. Tu es pitoyable, lamentable ! Des gens auraient pu se faire tuer par ta faute ! Tu es inutile et tu sèmes les problèmes comme un oiseau sèmerait des graines. Tire-toi maintenant avant que je ne change d’avis et que je décide de t’étriper pour te bouffer au déjeuner. »

Je n’ai pas voulu ça. Je n’ai jamais voulu ça. Je me détournai, mi-boitant, mi-courant, en me dirigeant vers la sortie. Au fond, il avait raison. Je n’étais qu’un semeur de troubles. Quelqu’un qui ne procurait que des problèmes à tout le monde. J’étais un problème à moi-même. Je n’avais jamais été capable de faire quelque chose de bien. Il fallait toujours que tout dérape. Je sentis une larme couler le long de ma joue poussiéreuse, mais je ne fis rien pour arrêter sa course effrénée. Shawn avait raison. J’étais lamentable. Pitoyable.


Dernière édition par Paillou le Sam 16 Jan - 15:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeSam 16 Jan - 14:38

J'aime beaucoup ce chapitre ** On découvre un peu comment ils vivent, et c'est très intéressant. J'aime la relation Ryan / Shawn, et j'aime déjà ce dernier, je saurais pas dire pourquoi :3 Ryan me fait de la peine, j'ai hâte de voir comment leur relation va évoluer **

Sinon, concernant le texte en lui-même, j'ai noté "où toutes sortes de mets semblaient me tendre me tendre les bras." et "je ne fis pas l’énorme fil électrique se détacher" que tu pourras modifier :p

Sinon, je veux voir la suite :p
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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeSam 16 Jan - 15:36

Merci beaucoup pour ton commentaire. ♥ Je suis contente que tu apprécies déjà Shawn, mon but étant de le rendre à la fois agaçant et attachant aux yeux du lecteur. x3 Moi aussi j'ai vraiment hâte de continuer à écrire la suite de tout ça pour faire évoluer la relation Ryan/Shawn, huhu.
Merci pour les fautes détectées, je corrige ça tout de suite ! :3
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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeSam 16 Jan - 22:21

J'ai terminé la relecture et les modifications du chapitre 2, donc je poste. \o/
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CHAPITRE 2 : « Profite de chaque instant présent. On ne sait jamais de quoi sera fait le lendemain. »

Je regardai maladroitement mes doigts qui jouaient entre eux, posés sur mes cuisses que je faisais tressauter involontairement, en proie à un stress incontrôlable. Mon dos était inconfortablement calé sur le dos de la chaise en bois sur laquelle j’étais assis. Mes yeux parcouraient les murs bleus clair et froids de la pièce. Une femme assez âgée se tenait devant moi, assise également. Seule une table où elle avait posé ses coudes, nous séparait. J’aurai pu me croire dans une salle d’interrogatoire si j’avais été amené dans un commissariat de police. Je gardai le silence, ne trouvant rien à dire pour expliquer ce qui venait de se passer. Je n’avais aucune justification valable pour me défendre. J’étais vulnérable, sans possibilité d’attaques. Je sentais mon cœur battre dans ma cage thoracique, et mon crâne me semblait sur le point d’exploser. Je revoyais encore toute la scène qui tournait en boucle dans ma tête, comme si elle ne voulait pas sortir de mon esprit. Comme si elle souhaitait que je me rappelle indéfiniment les dégâts que j’avais provoqué, et le fait que je n’étais qu’un bon à rien. J’avais beau être le fils de parents riches, je n’avais peut-être jamais manqué de rien, mais ce n’était pas pour ça que j’étais parfait. Ce n’était pas pour ça que je ne faisais pas d’erreurs. Je n’étais pas le modèle sans défauts que mes parents auraient voulu que je sois. Je suis un angoissé de nature, je n’ai jamais eu une haute estime de moi-même, et je n’avais que des résultats potables en cours. Ni excellents, ni mauvais. Mais ceux qui m’avaient créé avaient toujours eu l’air d’attendre la perfection de ma part ; mais ils ne l’ont jamais reçu. J’ai alors été mis de côté. Ils se sont mis à me considérer comme un objet, un esclave. Je ne leur servais que d’ustensile. Et je ne m’en étais rendu compte que lorsque ma sœur était morte. Ma pauvre sœur ; née avec une malformation au cerveau, qui lui a causé une rupture d’anévrisme à l’âge de 7 ans.  Morte si jeune, je n’arrivais toujours pas à y croire. Mon cœur se serra et j’essayai de penser à autre chose. Mais comment pouvais-je cesser de songer à ma mère qui n’avait commencé à s’intéresser à moi que le jour où l’apocalypse avait commencé ? Ou même à mon père qui s’était évaporé et que nous n’avions jamais revu depuis notre arrivée au centre. Et enfin, comment pouvais-je cesser de penser à cette énorme connerie que je venais de faire à cause de mes deux mains gauches ? Je lâchai un profond soupir, tentant de deviner la sentence qui allait me tomber dessus. Je n’allai pas y échapper de toute façon. Personne ne pouvait y échapper. Vu la façon dont j’en parle, on pourrait penser que les responsables de cet abri sont des bourreaux, mais penser ainsi, c’est être loin de la vérité. Non, je n’avais juste pas spécialement envie que la nouvelle de ma gaffe et de ma punition, ne se répande à travers tous les étages. Et que je ne devienne la risée de tous. Cependant, j’aurai peut-être dû penser à tout cela avant. C’était un peu tard à présent.

« Ryan ? »

Je relevai lentement les yeux, cherchant à fuir le regard de mon interlocutrice, sans succès. Son ton était froid et distant. Je sentais le stress m’envahir et je me forçai à respirer calmement pour ne pas céder à la panique. Ce n’était pas le moment.

« Je… Je vais tout vous…
- Inutile de vous lancer dans un monologue d’excuses inutiles
, trancha la supérieure hiérarchique. Je suis au courant de votre dispute avec Shawn. Je suis au courant de tout. »

Je ne rajoutai rien, ne voulant pas m’attiser plus de foudres de Céline, car c’était son nom, que je n’en avais déjà.

« J’imagine que vous avez une petite idée du temps que cela va prendre aux réparateurs pour remettre la salle d’entraînement en état. Vous rendez-vous compte que pendant toute cette durée, nos tireurs ne pourront pas se préparer au pire ? Ce n’était vraiment pas l’heure d’arrêter les cours d’air soft. Vous avez très mal choisi votre moment pour semer la pagaille.
- Je ne suis pas le seul responsable ! Si Shawn ne m’avait pas…
- Taisez-vous, Ryan. Je pensais qu’un adolescent de 17 ans comme vous, était assez mature pour apprendre à se servir d’une arme à feu sans causer de catastrophes. J’ai apparemment eu tort. »


Frustré, je décidai d’affronter Céline du regard. Ses iris gris lançaient des étincelles, et si des poignards avaient pu en sortir, j’aurai déjà été transpercé de toutes parts. Cependant, je ne fléchis pas. J’en avais marre de passer pour le faible de service. J’en avais marre de me faire marcher sur les pieds.

« Vous avez dès lors pour obligation de vous tenir à une distance respective de 10 mètres de Shawn, et vous êtes tenu de vous tenir à carreau pendant les prochains jours à venir. Au moindre dérapage, je n’hésiterai pas à vous faire tomber une vraie sentence sur votre visage d’ange. »


Céline acheva sa phrase en écrasant la mine de son crayon à papier sur la table. Je sursautai légèrement et pris soudainement en compte ce qu’elle venait de me dire.

« Une mesure d’éloignement de Shawn ? De 10 mètres ? Et si je le croise dans les couloirs ? Même sans le vouloir ? Aux dernières nouvelles, vos allées ne font pas 10 mètres de large, à moins que j’ai une très mauvaise notion des perspectives.
- Tachez de respecter cette restriction. Shawn est déjà au courant de tout ça. N’enfreignez pas cette règle.
- Et quand cette punition prendra-t-elle fin ?
- Quand je le déciderai. »


Génial. Je me relevai en grommelant lorsqu’elle me fit signe de prendre congé.  Je quittai la pièce à l’atmosphère lourde et désagréable, et me retrouvai alors devant la porte d’acier qui était la séparation ultime entre le centre et l’extérieur. Seuls les responsables de l’établissement avaient le code composé de 10 chiffres, pour l’ouvrir. Comme hypnotisé, je m’avançai prudemment et posai la paume de ma main sur la surface métallique et lisse de la porte qui était l’unique barrière qui me coupait du monde devenu trop dangereux. Je ne sais pas combien de temps je restai planté là, perdant tous sens de la réalité. Parfois, je mourrais d’envie de m’enfuir au dehors pour en finir au plus vite. A quoi bon vivre dans cette sorte de refuge recouvert d’une sphère en verre incassable ? J’avais l’impression d’être pris au piège comme un rongeur dans une souricière. Et cela me déplaisait au plus haut point. Je me retournai et m’adossai contre la porte épaisse de plusieurs centimètres. Qu’allai-je faire à présent ? J’aurai du passer la matinée dans la salle de tirs pour apprendre à me servir d’armes à feu, mais à présent que j’avais réduit cette pièce à néant, j’étais condamné à errer sans but. Il restait encore un peu plus de deux heures avant le déjeuner. Je ne pourrai pas voir Elsa avant. Je n’avais pas l’autorisation d’accéder aux laboratoires scientifiques, et seule l’après-midi nous laissait quartier libre. Les heures matinales étaient réservées aux taches que chacun avaient à accomplir. Du moins, chacun de plus de 14 ans, et qui étaient en assez bonnes conditions physiques pour travailler. Il m’arrivait souvent d’envier les petits de 4 ou 5 ans, insouciants, jouant sous l’œil attentif de leurs parents. J’aimerai tant leur ressembler. J’aimerai tant avoir leur ignorance. Mais je ne pouvais pas. J’avais déjà été confronté trop jeune à la brutale réalité de la vie, et ce chaos n’arrangeait rien. Je me laissai glisser jusque sur le sol et étendis mes jambes devant moi. Je joignis mes mains derrière mon crâne, et fermai les yeux. Je n’avais aucune envie de remonter jusqu’à mon étage pour passer mon temps à regarder à droite et à gauche, dans l’espoir de ne pas croiser Shawn. Comment allai-je faire pour respecter la restriction de distance que l’on m’avait imposé, alors que nous étions tous les deux à l’étage n°4 ? J’imaginai bien la galère qu’allait désormais être mon quotidien.

« J’ai vraiment une vie de merde.
- Pourquoi tu dis ça ? »


L’entente d’une voix enfantine et fluette me fit bondir et je remarquai la présence d’une petite fille à qui je donnais approximativement 9 ans, qui était à quelques mètres de moi, et me regardait gentiment, une sucette dans la bouche.

« Parce que c’est la vérité, petite.
- Je m’appelle Camille. »


J’hochai la tête et ne répondis rien. Je n’avais aucune envie d’entamer une discussion avec une gamine qui ignorait tout de la vie et qui, de toute façon, n’avait rien à faire ici. Elle était bien trop proche de la sortie. Remarquez, je ne devrais pas y rester moi non plus, mais avec moi, c’était un peu le « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».

« Tu  ne devrais pas être ici, grondai-je froidement.
- Bah, toi non plus.
- Sauf que moi, je suis plus grand et plus responsable que toi. »


Un sourire illumina le visage de l’enfant et elle mordit dans sa confiserie, avant de se passer une main dans ses cheveux roux bouclés. Ses petits yeux en amande scintillaient, et elle s’était suffisamment approchée de moi pour que je puisse en discerner la couleur : vairon. Le droit était bleu, le gauche était marron. Et cela lui allait à merveille.

« Si t’es responsable, pourquoi tu sors de la salle de la directrice ? Ceux qui y vont, c’est qu’ils n’ont pas respecté les règles. »

Je clignai des yeux et me retins pour ne pas lui lancer des paroles acerbes. Le pire, c’est qu’elle avait raison. Pourquoi il fallait toujours que quelqu’un s’incruste et vienne me rappeler que j’avais, la plupart du temps, toujours tort ?

« Tu marques un point.
- Ah, c’est un jeu ?
demanda-t-elle sans comprendre. »

J’haussai un sourcil et me frappai le front. Etait-ce donc possible d’être aussi stupide ? Je me calmai soudainement et mes épaules s’affaissèrent. A quoi bon ? Ce n’était pas sa faute. J’aurai surement été comme elle, si je n’avais pas dû être mature avant l’heure. Je finis même par sourire à Camille, qui persistait à se dandiner d’un pied à l’autre et à me scruter de ses belles prunelles bicolores.

« Oui, c’est un jeu, Camille. Et tu es très forte. »

La petite bomba le poitrail, apparemment fière d’elle.

« Papa me dit toujours que je suis très forte à tous les jeux !
- Tu as de la chance,
murmurai-je, mon regard se perdant soudainement dans le vide.
- De quoi ? s’interrogea Camille en marchant encore davantage vers moi pour venir s’asseoir à côté de moi. Je ne fis rien pour l’en empêcher, même si je savais que si Céline décidait de sortir de son bureau qui n’était qu’à quelques pas de nous, nous étions cuits. D’être forte à plein de jeux ?
- Non. D’avoir encore un père. »


Un long silence s’installa entre nous, ce dernier étant seulement brisé par les dents de Camille qui cognaient contre la sucette qu’elle tentait désespérément de briser pour la déguster plus rapidement.

« Ton papa est parti ?
- Je ne sais pas. On est parti tous ensemble de ma maison pour venir jusqu’à ce centre. Sauf qu’un matin, je me suis réveillé. Et il n’était plus là.
- Il est mort ?
- Je ne sais pas
, me répétai-je. Une boule s’était formée dans ma gorge et je commençai à avoir du mal à respirer. »

Camille tordit un instant la manche de son gilet rose, et reporta ensuite son attention sur moi.

« Et ta maman, elle est encore là ?
- Oui.
- Tu as des frères et sœurs ?
- J’avais une sœur. Mais elle est morte. »


L’expression de mon visage s’assombrit définitivement. Je détestais parler de tout cela. Alors pourquoi je ressortais toute ma vie privée à une fille que je ne connaissais même pas ? Je n’en savais rien. Peut-être parce qu’au fond, se confier, c’est un peu comme un bien qui fait mal.

« A cause des méchantes plantes ? »


Je tournai mes yeux humidifiés par les larmes qui avaient commencé à monter, un léger sourire aux lèvres.

« Oh, non. Elle est morte bien avant. C’est au moins un point positif. Elle n’aura pas eu à connaître cet enfer. »

Je me raclai la gorge et me relevai soudainement. Camille m’imita immédiatement et me tendis sa sucrerie.

« Tu en veux ? me proposa-t-elle.
- Heu… hésitai-je devant le bonbon couvert de salive de la petite. Non, merci.
- Toi aussi tu penses que c’est mauvais pour les dents ?
se renfrogna-t-elle.
- Non. C’est juste que je ne raffole pas de ce genre de douceur. Garde-là donc pour toi. »

Je posai ma main sur son épaule et lui lançai un regard le plus doux possible. Je tenais à m’excuser pour mon approche froide, même si cela n’avait pas eu l’air de l’avoir vexé ou quoi que ce soit d’autre.

« Tu devrais y aller maintenant. Tes parents doivent se demander où tu es passée. Et nous n’avons pas vraiment le droit d’être ici, comme je te l’ai dit. »

Elle passa un moment à me contempler, les yeux ronds. Sa petite tête ronde emplie d’innocence me fit me mordre les lèvres.

« Mes parents s’inquiètent moins pour moi que je ne m’inquiète pour eux. J’ai toujours peur qu’un jour, j’ouvre les yeux et que… Et qu’ils ne soient plus là. Comme toi et ton Papa. »

J’inspirai profondément et me passai les doigts sur ma gorge. Elle était tellement adorable que j’avais envie de la prendre dans mes bras pour lui dire que tout allait s’arranger et que les scientifiques allaient trouver une solution à toutes ces misères. Mais je ne pouvais pas affirmer une chose dont moi-même, je n’étais pas sûr.

« Tu n’as pas à t’en faire. Au lieu de t’inquiéter, profite d’eux. Profite de chaque instant présent. On ne sait jamais de quoi sera fait le lendemain.
- Un jour, j’aimerai être comme toi. »


Cette révélation me fit avaler de travers. Comme moi ?

« Pourquoi souhaites-tu donc me ressembler ?
- T’es peut-être pas le meilleur exemple en matière de discipline
, s’amusa-t-elle en pointant la porte du bureau de Céline du doigt, mais j’aime bien comment tu parles. T’es sage, en quelque sorte. »

Un léger rire nerveux s’échappa de mes lèvres et je ne pus m’empêcher de lui ébouriffer sa crinière flamboyante de la main gauche. Elle m’attrapa brusquement le poignet, fouilla dans la poche de son pantalon de sa main libre, et me déposa quelque chose au creux de mes doigts. Elle les referma et me lâcha.

« Tiens. C’est pour toi. »


Je rouvris la main et découvris une sorte de pendentif argenté, sphérique. Au centre de ce bijou luisant, se trouvait un soleil et une lune de couleur noire, qui ressortaient magnifiquement bien sur la couleur grise brillante du reste du pendentif.

« Pourquoi me donnes-tu cela ?
- C’est un porte-bonheur. Tu en as plus besoin que moi
, m’assura-t-elle.
- Merci. C’est très gentil, la remerciai-je en mettant le cadeau dans la poche de ma chemise. »

Elle fit demi-tour et s’apprêtait à se diriger vers l’ascenseur, surement pour rejoindre l’étage où elle résidait avec ses parents, lorsqu’elle se retourna une derrière fois.

« Au fait… Comment tu t’appelles ?
- Ryan. »


***

« Tu as fait quoi ?! »

L’air abasourdi d’Elsa me fit légèrement rire, et je secouai la tête avant de prendre mes couverts pour couper ma viande. L’heure du déjeuner était enfin arrivée, et j’avais finalement pu retrouver Elsa et lui raconter les événements de ma matinée assez… spéciale, disons.

« Tu m’as très bien entendue. J’ai réussi à détruire la salle d’entraînement de tirs. Mais c’est à cause de Shawn.
- Tu me désespères
, soupira-t-elle en portant un morceau de carotte à sa bouche. »

Elle avait bien raison de penser ça. J’étais désespérant. Alors que je m’acharnai sur la viande qui ne voulait apparemment pas céder sous les dents de mon couteau, Elsa continua son interrogatoire.

« Et du coup… T’as reçu quoi comme sanction ?
- Une mesure d’éloignement de 10 mètres de Shawn. J’te dis pas la galère que ça va être.
- C’est tout ? »


Je cessai mon combat contre la nourriture dans mon assiette, et lançai un coup d’œil surpris à ma camarade qui mâchait lentement ce qu’elle avait dans la bouche. Elle continua son regard insistant et inclina légèrement la tête sur le côté. Je fronçai les sourcils et toussai sèchement.

« Attends… Comment ça, « c’est tout » ? T’aurais voulu que je sois condamné aux travaux forcés ou qu’on me jette carrément dehors, à la merci de la nature qui est devenue complètement hystérique ?
- J’ai pas dit ça enfin ! Mais avoue que c’est tout de même léger pour ce que tu as fait. »

Elle n’avait pas tout faux sur ce point-là. J’y avais pensé moi aussi. J’avais trouvé la punition de Céline bien trop douce pour une telle bêtise. Mais ce n’était pas moi qui allait m’en plaindre, je ne tenais pas être forcé à nettoyer tout mon étage, commençant par les vitres et le sol, et finissant par les lits et les toilettes. Je grimaçai à cette idée. Déjà que le ménage ne m’avait jamais attiré…

« Ouais.
- Et juste, comment tu comptes faire pour éviter Shawn pendant une durée que toi-même, tu ne connais pas ?
- Si je le savais, je ne serai pas aussi angoissé.
- Tu es toujours angoissé.
- Merci de me le rappeler
, soupirai-je avant de sourire devant ma viande qui avait enfin décidé de se laisser vaincre par mon couteau. »

Je parcourrai le réfectoire du regard. La salle était immense, et encore plus remplie que lors des petits déjeuners. Tout le centre ou presque, était réuni. Et une telle agitation me rendait toujours mal à l’aise. J’essayai de repérer Camille, la petite fille avec qui j’avais parlé ce matin, mais ne la trouvai pas. Peut-être n’était-elle pas encore arrivée, ou tout simplement ne la voyais-je pas dans tout ce peuple entassé.

« Au fait Elsa ?
- Mh ?
- Tes recherches avec les scientifiques, ça a avancé ?
- Non. Rien de nouveau. »


Elle me répondit d'un air évasif, et ses paroles avaient sonné comme si elle ne voulait pas en dire plus. Malgré tout, je n'y prêtai pas réellement attention et me contentai d'hausser les épaules. Dommage. J’espérais toujours qu’un jour, quelqu’un débarquerait et hurlerait à qui voulait l’entendre, qu’une solution avait été trouvée. Beaucoup croyaient encore que ce moment arriverait, mais me concernant, je commençais à désespérer.

« Par contre, j’ai une bonne idée de ce qu’on pourrait faire cet après-midi ! me lança-t-elle en me faisant un clin d’œil. »

Sans comprendre, je lui fis signe que je ne voyais pas où elle voulait en venir.

« Je dois être stupide, mais je ne vois pas.
- T’es pas stupide puisque tu ne pourras jamais deviner. Figure-toi que ce matin, pendant que je préparais une solution acidifiée pour tester un morceau de plante, j’ai entendu deux mecs parler d’une salle tout au fond du couloir de l’étage n°8. Quand je me suis retournée pour leur demander ce qu’il y avait à l’intérieur, ils m’ont limite rembarré en me disant de me la fermer et que ça ne me regardait pas.
- Et alors… ?
- Bon, ok, là t’es stupide
, lâcha Elsa en secouant la tête. Ce que j’essaye de te dire, c’est qu’on va aller voir ce qu’il y a l’intérieur, parce que moi, ça me titille. »

Etait-elle sérieuse ? Je me pinçai l’arête du nez et la regardai comme si elle était une folle sortie de l’asile.

« Elsa… Réfléchis 30 secondes. Si cette pièce est aussi interdite au public qu’elle a l’air de l’être, elle doit être fermée à clef ou il doit y avoir un code.
- On va se débrouiller.
- Non, rectification : tu vas te débrouiller. Il est hors de question que je t’accompagne ! Céline m’a bien fait comprendre qu’au moindre écart, ma punition serait beaucoup plus importante qu’une simple restriction de distance. Alors merci, mais non merci. »


La jeune femme joua avec une de ses mèches de cheveux, et se passa la langue sur les lèvres.

« T’es pas drôle.
- Je ne t’accompagnerai pas. Tu peux me supplier, m’acheter, me faire chanter, ma réponse est non. »


***

« Dépêche ! »

La voix pressante d’Elsa me fit me souvenir de l’ânerie que j’étais en train de faire. Je me voyais encore lui dire « non », et me voilà en train d’essayer de courir discrètement dans le couloir du 8ème étage du centre, la main dans celle de mon amie qui me tirait avec une force phénoménale. J’aurai du m’en douter, de toute façon, elle avait toujours le dernier mot avec moi. Nous n’avions même pas pris le temps de terminer notre repas ; à peine m’avait-elle convaincu, qu’elle m’avait entraîné dans l’ascenseur pour arriver jusqu’ici. Selon elle, il fallait profiter de l’heure du déjeuner pour croiser le moins de monde possible. Elle arriva finalement devant une porte peinte de noir, où une inscription écrite en rouge indiquait « réservé au personnel ». Aucun de nous deux n’étaient jamais monté jusqu’ici, et la peur de se faire surprendre était palpable. Elsa tendit la main et appuya sur la poignée, qui, comme je m’y attendais, ne céda pas.

« Tu vois ? Qu’est-ce que je t’avais dit ? Ça ne sera pas aussi simple de… »

Je m’interrompis lorsqu’Elsa craqua la serrure avec une aiguille qu’elle avait sortie de sa poche. Ma camarade ouvrit la porte, un sourire triomphant sur le visage.

« Tu disais ?
- J’te déteste. Allez, finissons-en
, marmonnai-je. Néanmoins, j’étais très suspicieux ; tout cela me semblait un peu trop facile pour une pièce censée être si secrète et importante pour les scientifiques. Je ne parlai cependant pas de mes doutes à mon amie, de peur de la faire se braquer. »

Elsa pénétra rapidement dans la salle interdite, et je m’empressai de lui emboîter le pas. Les murs de la pièce étaient d’un blanc éclatant, et elle n’était constituée que d’énormes étagères où des flacons remplis de substances de toutes couleurs, et des livres de toutes tailles, étaient déposés.

« C’est quoi tout ça ? demandai-je, à moitié émerveillé par tout ce qui se dressait devant moi.
- J’en sais rien… On dirait plein de résultats d’expériences scientifiques. Et ces livres ont l’air assez ancien. »

Je refermai la porte derrière nous et commençai à avancer dans la salle, oubliant totalement que nous n’étions pas censés nous trouver ici. Mes yeux caressaient les étagères, étudiant subtilement chaque ouvrage. Je passai subitement trop près d’un comptoir et sous le choc de mon épaule, un livre en tomba. Sur sa couverture était dessinée une planète. La planète Terre. Elle était comme fissurée, fendue, au milieu, et du sang en coulait. On pouvait voir des lianes l’entourer et cela me rappela que trop bien ce qui se passait aujourd’hui. Intrigué, j’ouvris les premières pages et ce que j’y lu me fis froid dans le dos. Cet ouvrage parlait, mot pour mot, du chaos qui régnait sur Terre. Les théories qui étaient écrites résumaient parfaitement ce que nous vivions actuellement. La Nature qui se révolte. Les éléments naturels qui se déchaînent. Tout était similaire.

« Elsa ? Je crois qu’on tient quelque chose. »
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Symphi

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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeDim 17 Jan - 1:31

J'aime beaucoup ce chapitre ** On voit que Ryan et Shawn ont interdiction de s'approcher, et à tous les coups, ça va pas se passer comme ça ^^ Je sais pas comment tu arrives à faire des chapitres aussi longs qui restent aussi attirant du début à la fin Oo' Dans les autres livres que j'ai lu, je finis toujours par décrocher, mais pas ici **

Et si je me souviens bien de ce que j'avais lu la première fois, je sais ce qu'il va se passer ensuite ;) En tout cas, très intriguant : les scientifiques qui ont des livres qui décrivent ce qu'il se passe aujourd'hui... Théorie du complot ? :3
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Paillou

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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeDim 17 Jan - 14:58

Aw merci, c'est vraiment très gentil. >w< Justement, j'ai toujours un peu peur de faire des chapitres trop longs et de rentre le texte inintéressant au final, alors le fait que tu me dises ça me fait vraiment plaisir. \o/ Mes chapitres font environ 10 pages sur Word, j'essaye de me tenir à ce nombre pour éviter de faire des chapitres irréguliers.

Héhé, oui, les Scientifiques ne sont pas si innocents qu'ils en ont l'air.. :'3 Chapitre 3, go.
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CHAPITRE 3 : « Tu as ajouté 4 mots, bravo ! Tu veux que je t’applaudisse ? »

Je passai mes doigts sur les pages lisses du livre qui m’était tombé dans les mains. Elles étaient couvertes de poussières, et tout ce qui avait été rédigé était écrit à l’encre de chine, et non à l’encre d’imprimante. Tout avait été rédigé à la main. Alors que je l’avais ouvert et feuilleté rapidement, j’étais tombé sur un texte et un dessin qui pourrait représenter beaucoup plus que je n’aurai pu l’imaginer. Les lettres étaient magnifiquement représentées, on aurait presque dit de la calligraphie. Au-dessus du grand texte que je m’apprêtai à lire, il y avait le croquis d’un arbre couvert de nuages noirs et de filets de sang sombre. Les couleurs avaient terni avec le temps, mais je n’avais aucune difficulté à deviner tous les détails de ce dessin. Mon regard se dirigea ensuite vers les phrases qui suivaient cet arbre plus qu’étrange. Je sentis mon sang ne faire qu’un tour dans mes veines, au fur et à mesure que j’avançai dans ma lecture. Elsa, qui était restée à l’écart, jouait nerveusement avec un flacon remplie d’un liquide violet éclatant. Elle faisait claquer ses ongles sur le verre du récipient, et chantonnait doucement, un des tocs qu’elle avait lorsqu’elle était en proie à un stress montant. Je sentais qu’elle désirait absolument à savoir ce qu’il y avait à l’intérieur de ce manuscrit, mais je voulais d’abord être certain de ce que tout cela voulait dire, avant d’avancer quoi que ce soit qui pourrait nous amener à nous faire de faux espoirs. Mon souffle devenait irrégulier et la tension ne cessait de monter. Je me mordis la lèvre inférieure et essayai de garder mon calme, mais c’était impossible en de telles circonstances. La situation était beaucoup trop critique. Si tout ce que ce livre disait était vrai, alors soit la réalité avait totalement pété un plomb et devenait presque fantaisiste, soit je m’étais cogné la tête sans m’en apercevoir et je délirais complètement. Je clignai des paupières ; non, j’étais bien moi-même.

« Qu’est-ce que ça dit ? se décida finalement à demander Elsa, qui était restée à sa place, nerveuse.
- Je… Tu ne vas pas me croire. »

Mon amie reposa le flacon sur l’étagère, en prenant soin de ne pas l’abimer, ni lui ni les autres, et vint me rejoindre. Lorsqu’elle commença sa lecture, je sentis sa respiration se couper sous le choc de ce qu’elle avait lu, et je compris qu’elle était aussi troublée que moi.

« Les sols s’effondrent, les roches tombent. Les glaciers fondent, les volcans grondent. La faune rugie sa rage, la flore hurle sa colère. Le vent souffle sur les plaines, le tonnerre éclate dans le ciel. L’Homme est impuissant face à cette révolte inattendue. Il court, tente de se défendre, mais il voit les siens périr les uns après les autres. Il va alors s’en remettre aux Dieux afin qu’ils puissent les bénir. Après quelques incantations, l’Homme sait ce qu’il doit faire, mais ne sait pas comment s’y prendre. Il doit trouver l’Amulette de Cristal, leur seul espoir de vaincre ce chaos. Mais cette dernière n’existe que dans le monde des rêves. Et les Anciens leur font bien comprendre qu’il faut être plongé dans une sorte de coma pour parvenir à pénétrer dans le bon Monde et à trouver l’Amulette avant de la ramener dans le Monde réel. Un simple contact physique avec l’Amulette suffit pour réveiller tous ceux partis à sa quête, et à faire redevenir la Terre comme elle l’était auparavant. Le Chef des Druides donne alors à 13 hommes et femmes, une potion à boire qui les endormira et les plongera dans le monde des songes.

Leurs premiers pas dans ce nouveau monde sont absolument terribles. Ils ne savent pas ce qui les attend, et ne se doutent pas de l’horreur qui se prépare. Ils se jurent de ne pas avoir de failles, de trouver leur courage pour rester fiers dans la bataille, mais beaucoup ne tiennent pas cette promesse. Il leur faut d’abord s’habituer à ce Monde, puis se préparer à tous les dangers tapis dans l’ombre. Leur lutte est terrible et l’ennemi revient toujours en surnombre, de nombreuses vies sont tranchées et arrachées. Le sang coule plus d’une fois sur le sol et le hurlement déchirant de la tristesse de certains d’entre eux, se fait entendre pendant de nombreuses nuits sans étoiles. Ils tombent les uns après les autres, aucun n’allait survivre. Le dernier debout regarde les corps autour de lui. Le long de ses joues se mettent à couler des larmes et il ne comprend pas pourquoi les Dieux l’ont épargné de ces jours noirs, jusqu’ici. Pourquoi il est le dernier à encore respirer. Il s’allonge alors dans la boue et la terre ensanglantée, ne montrant plus les armes. Son Emissaire vient de mourir, et il se sent partir à son tour. Il allait le rejoindre dans sa tombe. Il peut sentir la mort l’envahir, comme elle a envahi chaque membre, chaque entrailles, de son Emissaire. Le combat est perdu, ils ont échoué. Ils ont tous échoué. L’Amulette de Cristal ne sera jamais trouvée. »


Une nausée m’avait pris au cœur et je refermai l’ouvrage qui m’avait mis à l’aise. Elsa avait brusquement pâli et avait reculé en tremblant. Son regard reflétait sa peur et son incompréhension.

« Tous ces gens… sont vraiment morts ? »

La voix d’Elsa était si faible, si rongée par l’angoisse, que je peinais à la reconnaitre. Je me tournai lentement vers elle. Mes mains tremblaient, mais je tentais de ne rien laisser paraitre.

« Non. Tout ça n’est jamais arrivé. On dirait plus une sorte… de prédiction. Oui, une prédiction.
- Comment ça « une prédiction » ?
- Tu ne comprends pas ? Tout ce qui est en train de nous arriver, c’est écrit noir sur blanc sur ce putain de bouquin ! Bon sang, mais relis les premières phrases. C’est exactement ce qui est en train de se passer. Mot pour mot, détail pour détail ! »


Un frisson me parcouru la colonne vertébrale et j’eus soudainement l’impression que la température de la pièce avait baissé de plusieurs degrés. Ma camarade ferma ses prunelles et je vis une goutte salée rouler le long de sa joue claire, pour venir s’écraser sur son rouge à lèvre.

« Tu es en train de me dire que… Qu’on doit trouver un moyen pour faire comme eux ? Pour aller dans ce Monde des Rêves et trouver cette Amulette de Cristal qui pourrait tous nous sauver.
- C’est ce qui est écrit.
- Mais s’il s’agit réellement d’une prédiction, alors tous ceux qui iront vont mourir, Ryan… Et de toute façon, comment veux-tu que l’on trouve un moyen de se plonger dans un coma et de se réveiller dans le bon Monde ? Ce n’est qu’un conte d’horreur, ça. Rien de plus. Rien de tout cela n’existe. »


Je la regardai, abasourdi. Ainsi, ne croyait-elle donc pas un mot de tout ce qu’elle venait de lire ? Elle leva une main devant elle et secoua la tête.

« Avant que tu ne me poses la question ; oui, je pense que tout ceci est n’importe quoi. Le début qui concorde avec notre situation n’est qu’une coïncidence. Ce bouquin n’a été écrit que par quelqu’un qui avait beaucoup d’imagination et qui a cru bon d’écrire ce qui lui passait par la tête sur du papier. Rien de plus.
- Comment expliques-tu le fait que ce livre se soit retrouvé ici ? Dans ce centre ? Pourquoi les Scientifiques le gardent-ils ici ? Je ne crois pas aux hasards. Pas aux hasards de ce genre. »


Elsa haussa les épaules et me dépassa, prête à ressortir de la pièce.

« Crois ce que tu veux. Tu avais raison, c’était une erreur de venir ici. Fichons le camp avant que quelqu’un ne nous trouve. »

Je ne comprenais pas ce qui lui arrivait. Elle avait radicalement changé de comportement lorsque j’avais commencé à lui parler de tout ce qui pourrait arriver si l’on trouvait un moyen de réaliser ce qui avait été rédigé dans ce manuscrit. Elle avait pourtant eu l’air si effrayée par ce qu’elle avait lu : pourquoi souhaitait-elle tant me faire croire que ce n’était que des légendes stupides, pour elle ? La voyant déjà disparaître de mon champ de vision, je cachai le livre sous mon tee-shirt et la suivi précipitamment en refermant la porte derrière moi. Elle n’était plus fermée à clef et le prochain qui allait y entrer allait bien remarquer que quelqu’un avait forcé la serrure, mais il n’y avait aucune preuve que nous étions les coupables de cette intrusion. Du moins, je l’espérai. Nous nous dirigeâmes sans bruit vers l’ascenseur, et je la vis appuyer sur le bouton de l’étage n°4. Son étage. Mon étage.

« Tu vas faire quoi ?
la questionnai-je. »

Elle garda le silence et ne m’accorda pas un seul regard. Je soupirai, blessé, mais n’insistai pas. Je savais qu’elle me cachait quelque chose.

« Je finirai par découvrir ce que tu ne me dis pas.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, Ryan.
- Il y a quelque chose que tu as préféré passer sous silence. Je le sais. Je le sens. »


Elsa se cacha le visage entre ses mains et resta ainsi jusqu’à ce que les portes de l’ascenseur ne se rouvrent pour nous laisser sortir. Juste avant de se précipiter jusque dans sa chambre, je la vis me lancer un regard désolé, dans lequel je pouvais voir perler des larmes, mais je n’eus pas le temps de la questionner davantage. Elle me tourna le dos et pénétra dans la pièce qui lui était destinée. Je restai planté là, me faisant bousculer à plusieurs reprises par les personnes qui remontaient pour s’adonner à leurs activités de l’après-midi. Certains se dirigeaient vers la bibliothèque, d’autres rentraient dans leur chambre pour dormir ou pour lire au calme, ou que sais-je encore. Je finis par rejoindre la mienne, et fus légèrement déçu lorsque je me rendis compte qu’il y avait trois personnes à l’intérieur. Je n’allai cependant les en blâmer ; cette chambre n’appartenait pas seulement qu’à moi et à ma mère ; nous étions 10 à nous la partager, comme toutes les chambres de tous les étages, d’ailleurs. Je m’allongeai sur mon lit et sortis le livre que j’avais caché sous mes affaires, pendant que personne ne faisait attention à moi. Je pris le temps de relire les premières pages, et j’arrivais presque à me visualiser les scènes sanglantes qu’avaient dû vivre ces personnes. Enfin, je savais qu’elles n’avaient pas vraiment existé, mais cela me faisait tout de même mal au cœur. Mes yeux accrochèrent cependant à un mot en particulier : « émissaire ». Le dernier homme debout avait apparemment perdu son émissaire, et il allait donc mourir. Qu’était-ce donc qu’un émissaire ? Je tournai la tête vers le garçon d’environ 13 ans qui s’amusait avec deux voitures. Autant essayer de lui demander, même si je doutais qu’il connaisse la signification de ce mot.

« Eh, Dan’ ?
- Ouais, tu veux quoi Ryan ?
- Tu ne saurais pas ce que c’est un émissaire, par hasard ? »


Je le vis réfléchir quelques instants, puis il fit une moue interrogatrice.

« Un émissaire ? C’est pas une race de cerf ça ? »


Heu non, je ne pense pas. J’haussai les épaules et repris ma lecture.

« Non, laisse tomber. Merci quand même.
- Pourquoi tu me demandes ça ?
- Pour rien. »


Tandis que je tournai les autres pages, je m’arrêtai soudainement sur l’une d’entre elles, qui était susceptible de m’intéresser fortement. En effet, sur le haut de la page était marqué en rouge vif « L’émissaire ». En dessous de cette inscription se trouvait un dessin de deux coeurs blancs qui se frôlaient. Une sorte d’aura écarlate émanait d’eux. Je trouvai cette œuvre remarquablement bien illustrée, mais ce n’était pas le moment de la contempler. Je descendis légèrement et me plongeai à nouveau dans une lecture qui allait me donner des sueurs froides.

« Un émissaire est une personne ressentant les émotions psychiques ou/et physiques d’une autre personne à laquelle elle est irrévocablement liée. Ces deux êtres sont donc tous les deux des émissaires, l’un étant celui de l’autre. Si l’un des deux émissaires venait à mourir, le second le suivrait presque immédiatement dans la tombe. Ce lien est extrêmement rare et se créé généralement entre deux êtres de même sexe. Une personne peut être l’émissaire d’une autre sans jamais le découvrir ; le lien ne sera donc jamais créé. Les émissaires se rendent souvent compte de leur lien lorsqu’ils sont tous les deux confrontés à une même situation difficile, dangereuse, périlleuse ou autre. »

Ainsi, c’était ça, un émissaire. Cela expliquerait donc pourquoi le dernier survivant est mort peu de temps après le décès de celui qui était son émissaire ; l’un ne peut pas survivre sans l’autre.

« Je n’aimerai pas être l’émissaire de quelqu’un. Ça doit être d’une galère sans nom.
- Hein ?
- Oh, non rien. Je parle tout seul, t’en fais pas Dan’.
- Tu devrais penser à consulter
, maugréa le pré-adolescent en retournant vaquer à ses occupations. »

Il y avait tout de même toujours une question qui me trottait dans l’esprit : si Elsa avait raison et que toute l’histoire que nous avions lu ensemble tantôt, était fausse… Alors, peut-être que les émissaires n’existaient pas non plus. Pourtant, une chose au plus profond de mon être me poussait à y croire : je voulais y croire, parce que cela signifierait qu’il existait une solution pour guérir la Terre de la folie dont elle a été victime. Je me relevai brusquement, bien décidé à convaincre Elsa que tout cela n’était pas qu’une simple histoire inventée pour le plaisir. Je savais qu’il y avait une part de vérité là-dedans. Je le savais. Je rouvris la porte de la chambre, prêt à foncer vers celle de mon amie, mais je me figeai presque instantanément. Shawn était pile devant moi, et ses yeux étaient sombres. Je voulus retourner dans ma chambre le plus vite possible, mais je n’en eu pas le loisir ; il m’attrapa à la gorge et me plaqua contre le mur qui se situait juste derrière moi.

« J’suis censé avoir une mesure d’éloignement contre toi et j’aimerai éviter de me retrouver jeté dehors à la merci de plantes psychotiques, rétorquai-je en m’amusant bien de reprendre les termes qu’avaient utilisé Elsa. Alors si tu pouvais me lâcher, ça serait cool tu vois. »

Son regard me fit déglutir avec difficulté, et je tentai de le repousser, sans succès. Il était beaucoup plus fort que moi. Une main posée sur son épaule, je tentai alors de l’autre, de garder une emprise assez forte sur mon livre pour ne pas qu’il m’échappe.

« Je t’ai vu.
- Hein ? Shawn, ça te dérangerait de formuler une phrase correcte et compréhensive, au moins une fois dans ta vie ?
- Je t’ai vu, tout à l’heure.
- Tu as ajouté 4 mots, bravo ! Tu veux que je t’applaudisse ? »


Pour toute réponse, il renforça son emprise sur ma jugulaire, m’empêchant peu à peu de respirer. Les personnes qui passaient près de nous, nous lançaient des regards étonnés, mais aucune d’entre elles ne vint intervenir. Quelqu’un pouvait mourir à leurs pieds, j’étais persuadé qu’ils ne réagiraient même pas.

« Shawn, tu me fais mal, me plaignis-je en ôtant ma main de son épaule pour passer mes doigts autour de son poignet qui m’entourait la gorge.
- Oh pardon, petite nature, se moqua-t-il en dévoilant une rangée de dents blanches, étirant sa barbe de deux ou trois jours autour de sa bouche. »

Je sentais son souffle se rapprocher de ma peau et commençai réellement à me sentir mal à l’aise. Je voulais qu’il me lâche, qu’il arrête de me terrifier de la sorte. Parce qu’il savait que je me méfiais de lui, et il en jouissait, cet abruti. Avec la chance que j’avais, il ne manquerait plus que Céline passe par là, et j’étais bon pour la peine de mort.

« Bon, je ré-essaye ; qu’est-ce que tu veux dire par « je t’ai vu tout à l’heure » ?
- A l’étage n°8. Tu n’as donc que la tête à enfreindre les règles ?
- Et toi, tu n’as que la tête à plaquer les gens contre des murs ?
- Non, ça, je ne le fais qu’avec toi
, gronda-t-il en levant les yeux au ciel.
- Je suis touché, Shawn. »

L’autre me lâcha finalement mais ne se recula pas pour autant.

« Attends une minute, réalisai-je brusquement. Tu m’as suivi ?!
- Oui.
- Tu n’essayes même pas de nier en plus ?
- Ferme-là donc, gamin. »


Je soupirai et essayai de m’échapper, mais il me bloquait toute issue.

« Pourquoi est-ce que tu m’empêches de partir ?
- Je veux savoir ce que raconte ce livre.
- Quel livre ?
- Tu me prends pour un abruti ? Le livre que tu tiens actuellement en main. »


Oh. Ce livre là… Je me raclai la gorge et serrai l’objet en question, comme pour le protéger.

« Ça ne te regarde pas.
- De quoi ça parle ?
- Ce… Ce sont des contes pour enfants.
- Tu ne sais pas mentir
, Ryan, susurra Shawn en se rapprochant de moi, ce qui me déclencha un mouvement recul. Ma tête frappa alors la paroi derrière moi et je lâchai un gémissement. »

Je levai les yeux vers lui et le suppliai de me laisser passer. Qu’avait-il comme intérêt de me garder prisonnier ainsi ?

« En fait, tu veux que quelqu’un qui est au courant de ma punition, passe par ici pour qu’on me fasse la peau, c’est ça ?
- Non.
- Tu mens, toi aussi.
- Non.
- Arrête de dire non.
- Non.
- Tu t’appelles comment ?
- Non. »


Je soupirai d’exaspération et fus surpris lorsqu’il s’écarta enfin pour me laisser passer. Je m’échappai de son emprise et le foudroyai du regard.

« Ne refais jamais ça.
- Refaire quoi ?
- Ça. »


Je m’approchai pour l’envoyer valser contre le mur, souhaitant profiter du fait qu’il ne s’y attendait pas, mais il sembla anticiper le coup et m’emprisonna les poignets avant de m’envoyer au sol, me faisant lâcher mon livre au passage.

« Oh, "ça", s’amusa-t-il en se baissant pour ramasser ce que j’avais échappé. »

Sonné, je restai quelques instants à terre. Au moment où je me rendis compte que Shawn s’était emparé du livre, je me relevai et commençai à paniquer à l’idée qu’il ne l’ouvre.

« Calme-toi, j’vais pas te le brûler, ton stupide bouquin, lâcha mon rival en me rendant ce qui m’appartenait, en quelque sorte. »

Je repris l’ouvrage sans prendre la peine de le remercier, et me détournai pour me diriger vers la chambre où devait être Elsa. Je toquai, avant d’appuyer deux fois sur le bouton qui permettait d’ouvrir la porte. Je sentais ma nuque me brûler, et c’est lorsque je me retournai que je m’aperçus que Shawn me fixait, à moitié adossé contre le mur sur lequel j’avais failli faire une crise cardiaque. Il n’affichait que du mépris, mais restait immobile, à me poignarder de ses yeux dont la noirceur était inquiétante. Je me mordis l’intérieur de la joue et rentrai dans la chambre pour échapper à ce regard assassin. Je trouvai alors la chambre vide, à l’exception d’une jeune femme blonde, allongée sur le côté, recroquevillée sur elle-même, en larmes.

« Elsa, mais… Tu pleures ?
- Fiche le camp.
- Hors de question. »


Je m’approchai doucement de mon amie et m’assieds à ses côtés, avant de l’obliger à se retourner pour qu’elle me fasse face. Son visage était ravagé par les larmes qu’elle avait versées. Son maquillage était ruiné et ses yeux étaient explosés. Son expression de profond désarroi me pris de court et j’affichai un visage choqué. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Elle qui n’avait jamais faibli, elle qui n’avait jamais fléchi devant rien. Elle qui gardait toujours confiance en elle et en son destin, elle qui n’avait peur de rien. La fille indestructible que je pensais connaître, était à côté de moi, et elle pleurait toutes les larmes de son corps sans que je puisse faire quoi que ce soit pour la consoler, tout simplement parce que j’ignorais la raison de son mal être.

« Elsa, dis-moi ce qui se passe.
- C’est… Non, je ne peux rien dire.
- Comment ça tu ne peux rien dire ? »


Je la fis s’asseoir et la pris dans mes bras jusqu’à ce qu’elle parvienne à se calmer et à parler correctement. Je sentis ses bras passer dans mon dos et ses doigts serrer violemment mon tee-shirt. Je pouvais ressentir toute sa tristesse et je sentais qu’elle mourrait d’envie de m’avouer quelque chose. J’aurai aimé réparer son cœur et arranger son problème, mais si elle gardait le silence et qu’elle ne me disait rien, je ne pouvais rien faire.

« Elsa, parle-moi s’il te plait. »

Je la sentis de dégager de moi pour me regarder droit dans les yeux. Ses lèvres tremblaient et de nouvelles larmes menaçaient de noyer ses joues. Je posai mon front sur le sien et lui caressai la nuque pour tenter de l’empêcher de repartir dans une nouvelle crise de larmes qu’elle ne semblait plus pouvoir contrôler.

« Je ne peux pas t’aider si tu ne me dis rien.
- Ce n’est pas moi qui ai besoin d’aide…
- Tu m’excuseras, mais ton comportement me prouve apparemment le contraire
, murmurai-je, sans comprendre ce qu’elle avançait. »

Elsa tendit les mains vers le livre que j’avais déposer à côté de moi et contempla pendant de longues secondes, la couverture et le dessin qui était dessiné dessus. Elle poussa un profond soupir, surement le plus long et le plus atroce que j’ai jamais entendu, et baissa la tête. Elle avait l’air d’avoir honte, mais je ne parvenais à savoir de quoi.

« Ryan… Tu te souviens, ce matin, quand je t’ai dit que les recherches scientifiques n’avaient pas avancé ? »

J’hochai la tête pour lui affirmer que je m’en souvenais très bien. Mais où voulait-elle en venir ?

« J’ai menti. »

Pris au dépourvu, je m’écartai un peu d’elle et lui attrapai une main.

« Mais c’est génial ça ! Pourquoi est-ce que tu es si malheureuse alors ?
- Ce n’est pas une bonne chose…
- Je ne comprends pas. »


Ma camarade commença à ouvrir l’ouvrage et à le feuilleter. Ses yeux n’affichaient aucune surprise au fur et à mesure qu’elle découvrait les pages. Un peu comme si elle savait déjà tout ce que ce livre renfermait.

« Les scientifiques ont déjà pris connaissance de ce livre. Et ils pensent que cette légende possède un côté de vérité. Ils sont en train de chercher un moyen de créer un produit capable de faire le même effet que la potion que les Druides auraient donné à ces hommes et à ces femmes. C’est de la folie, mais ils sont proches du but.
- Mais je ne vois toujours pas pourquoi tu pleures ! Tu devrais même être fière de travailler avec des scientifiques qui s’apprêtent à risquer leurs vies en allant chercher l’Amulette de Cristal ! »


Elsa secoua la tête et son expression s’obscurcit. Une nouvelle larme vint s’écraser sur le matelas et elle n’osa plus me regarder dans les yeux.

« Ce n’est pas eux qui iront la chercher. Céline et le reste du Gouvernement du centre ont décidé qu’ils choisiraient 13 personnes, âgées de 15 à 25 ans.
- C’est… C’est un tirage au sort ?
- Non. La liste est même déjà faite. Elle se trouve dans le laboratoire où je travaille, mais je n’y ai pas accès. »


Abasourdi par une telle nouvelle, je ne trouvai plus les mots pour exprimer ce que je ressentais.

« C’est pour ça que tu as fait semblant d'être choquée, comme si tu avais lu ces lignes pour la première fois ? Et c'est aussi pour ça que tu as voulu me faire croire que tu pensais que tout cela n’était que des conneries pures ? Pour me rassurer ?
- Entre autre, oui… »


J’affichai un léger sourire et la pris à nouveau dans mes bras.

« J’ai une dernière question ; quand comptent-ils annoncer à tout le centre de l’existence de ce livre, ainsi que leur projet et la liste des personnes choisis ? Ils ne vont quand même pas parler de cette liste alors qu’ils n’ont pas encore tout à fait trouvé la molécule idéale pour fabriquer cette fameuse potion, si ? »

Il y eu un court silence entre ma question et sa réponse. Un silence qui me sembla durer une éternité. Je sentis sa main passer dans mes cheveux. Un geste qui se voulait rassurant, mais qui ne fit qu’accroître mon anxiété.

« Après demain, au levé du jour. »
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Symphi

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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeDim 17 Jan - 15:49

Ah, c'est bien ce que je pensais :p

Super chapitre, on en apprend un peu plus, mais on peut sentir la tension de la situation. En même temps, c'est pas comme s'il y avait des risques que les personnes choisies meurent ^^

Ne t'inquiètes pas pour l'intérêt de tes chapitres, il ne change pas ** Moi, je trouve ça passionnant ! Et impressionnant que tu arrives à faire 10 pages, j'ai déjà du mal à atteindre les 2 pages x3 Mais faut dire que je me restreint dans ce que je veux dire :3

Bref, j'aime beaucoup, et je veux connaître la suite ! :p
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Paillou

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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitimeJeu 24 Mar - 22:05

Heeey, désolée de mon absence. J'aurai voulu savoir si la suite vous intéressait toujours ?
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MessageSujet: Re: L’Émissaire.   L’Émissaire. Icon_minitime

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